Gestion des risques en plongée sous-marine
Ce n’est pas la fin, juste le début
« J’avais l’habitude de plonger à plus de 30 mètres de nuit, seul avec ma carte de brevet Open Water et Nitrox. Et des plongées de nuit, de bateau, dérivantes et tout le reste sans certification ni formation spécifique. Quel était le problème ? » Bob le plongeur.
Croyez-le ou non, mais cette citation est véridique. Oui, vraiment. Elle est légèrement paraphrasée, mais c’est tout. OK, le mec ne s’appelle pas vraiment Bob. J’ai inventé le nom pour protéger cet innocent. Mais c’est une citation que j’ai vue par hasard sur un forum de plongée et qui m’a fait me retourner à deux fois. Ce n’est pas seulement le fait que Bob ait fait ça, mais plutôt le fait que Bob ne voyait pas l’erreur de jugement. Et pourtant, c’est du stupide de chez stupide. À un moment donné, où, quand, comment… sans la connaissance, la formation et l’équipement appropriés, Bob va finir dans le m****.
Dimanche passé, j’étais assis derrière mon ordinateur dans une salle de classe, à côté d’un écran plat, avec une audience de personnes qui me regardaient comme des lapins pris dans les phares d’une voiture. Les lapins étaient des candidats instructeurs qui écoutaient comme ils le pouvaient ma conférence de deux heures sur la gestion des risques. Les pauvres. La gestion des risques, je l’admets, n’est pas le sujet le plus captivant au monde. Dans une fraternité de plongée peuplée de preneurs de risque machos, parfois la sécurité est mise de côté ou refoulée sous le tapis. Mais le non-respect de la gestion basique des risques est un comportement étrange puisque, si vous faites une erreur, l’environnement sous-marin peut-être assez implacable.
Pas besoin de se foutre la tête dans le coton toute votre vie, mais j’imagine que le fait qu’il y ait un élément de « danger » à la plongée sous-marine fait partie de l’attraction du sport. Tout le monde veut être un James Bond ou une Lara Croft. C’est bien plus excitant que de jouer au golf. Mais si vous êtes un peu intelligent, il est possible de gérer les risques de la plongée.
Pour être franc, l’attitude enthousiaste et naïve de Bob n’est pas aussi répandue (mais pas nécessairement absente) au stade où les plongeurs étudient pour devenirs Divemasters ou Moniteurs. Les critères de contrôle et de sécurité sont enfoncés dans la tête des candidats durant leur formation. Et avec raison. Personne ne veut penser que leur guide s’en batte les c******* qu’il revienne ou non à la surface sain et sauf.
Certaines agences de formation mettent également en place des accords de membres pour assurer que les plongeurs professionnels doivent jouer selon certaines règles. Ou, si vous êtes plongeur professionnel au Royaume-Uni, l’HSE scrute également ce que vous faites. Mais avant d’atteindre ce stade, la zone est bien plus grise. Comment connaître ses limitations ?
Après avoir passé votre cours Open Water, vous avez appris les bases de la plongée. C’est comme passer votre permis de conduire et recevoir les clés d’une Aston Martin. Vous connaissez bien les bases. Vous connaissez les règles de base de la route. Mais vous n’êtes pas Jenson Button. Tant que vous n’avez pas reçu les bons conseils et les bonnes formations, il y a une bonne dose de possibilité que vous finissiez autour d’un poteau si vous ne suivez pas les règles. Ou, dans le cas de la plongée sous-marine, de finir dans un caisson de recompression. Ou pire. Comprenez-moi bien, la plongée sous-marine est statistiquement sûre. Mais jusqu’à récemment (2006), DAN rapportait 138 décès. La plupart sont dus à une erreur de jugement. S’en tenir aux limites de vos connaissances et de votre expérience est clé pour assurer la sécurité d’une plongée. Planifier la plongée et plonger le plan est peut-être un cliché, mais pas un mauvais.
Vous ne cessez jamais d’apprendre en plongée. Tout peut vous enseigner quelque chose – peu importe le nombre de plongées sous votre ceinture. Assumons donc que Bob a passé son brevet Open Water et Nitrox chez PADI et examinons ce qui cloche dans ce qu’il a dit :
- Le cours PADI Open Water vous forme à devenir un plongeur compétent à une profondeur maximale de 18 m. Toute la formation est orientée dans ce sens. Rappelez-vous votre brevet Open Water. Vous vous souvenez de la vitesse de remontée maximale ? 18 m par minute. Pourquoi vous forme-t-on à nager sans masque pendant une minute durant la 2ème plongée en eaux confinées ? Pourquoi est-ce qu’on vous forme à nager avec un binôme en simulant une panne d’air pendant une minute durant la 3ème plongée en eaux confinées ? Coïncidence ?
- Quand vous avez entamé votre cours Open Water, vous avez signé un accord qui dit, « Planifier toujours des plongées sans palier de décompression tout en y ajoutant une marge de sécurité. Avoir un moyen de vérifier la profondeur et le temps de plongée sous l’eau. Limiter la profondeur maximale atteinte en fonction de mon niveau de formation et de mon expérience. Remonter à moins de 18 mètres/minute » et « Je comprends l’importance et le but de ces règles. Je reconnais qu’elles sont établies pour ma sécurité et mon bien-être, et qu’un manquement peut me mettre en danger en plongée. » On se souvient, Bob ? Ou tu n’as pas lu les documents avant de les signer ?
- Bob ne le sait probablement pas, mais les plongeurs professionnels de PADI signent un accord de membre déclarant qu’ils respecteront et consolideront ces restrictions de profondeur et de supervision comme l’est inscrit sur les brevets de PADI. Donc monter sur un bateau et décider de ne pas respecter ou d’ignorer les limites de profondeur si vous plongez avec un guide professionnel signifie que vous les exposez également. Les guides responsables adhèrent aux limites de profondeur et ont une règle de « ne pas plonger en-dessous de moi » pour une bonne raison.
- Bob, tiens-toi bien. C’est peut-être la première fois que tu entends ça, mais la plongée, ce n’est pas seulement toi. Tu dois prendre en compte un binôme et (potentiellement) le reste du groupe. C’est un jeu d’équipe. Est-ce que tu as les compétences nécessaires et les formations de premier secours pour gérer des problèmes lors de plongées plus difficiles ? Ou c’est plutôt moi, moi et moi ?
- Bob, pour finir, et en revenir un sujet de la responsabilité, qui penses-tu va payer les pots cassés si quelque chose tourne mal ? La plupart des assurances de vacances couvrent les plongées effectuées dans les limites de la formation du plongeur. Il vous faut un traitement de recompression ? J’espère que vous avez quelques milliers d’euros à perdre. Dépassez vos limites et vous êtes seul. DAN, une excellente organisation, vous assurera peu importe la profondeur. Mais ils ne couvrent que l’incident lui-même. Vous souffrez de problèmes sur le long-terme ? Vous ne pouvez pas travailler à cause d’un accident de décompression de la colonne qui signifie que vous ne pouvez pas conduire ou marcher convenablement ? Encore une fois, vous vous retrouvez seul.
Bien sûr, les centres de plongée amassent de l’argent en vendant des brevets de plongée. C’est leur business. Les restaurants empochent de l’argent en vendant de la nourriture. Mais les formations ne servent pas seulement à rapporter de l’argent aux centres de plongée : elles servent à vous enseigner les compétences essentielles dans chaque domaine de la plongée dans un environnement supervisé et dont les risques sont gérés. Chaque domaine de la plongée sous-marine, comme la plongée profonde, de nuit, de bateau, dérivante voire même autonome, dispose de compétences et de connaissances à apprendre, et de petits conseils et astuces pour vous permettre de plonger plus efficacement et plus sûrement.
Passer le cours Open Water n’est pas la fin de votre formation de plongée : c’est le début d’une courbe d’apprentissage infinie !
Bonnes bulles !
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